Bien s associer pour mieux entreprendre «Si seulement j’avais su…» Combien d’entrepreneurs se sont un jour adressé ce reproche, après avoir subi l’épreuve d’une séparation avec leur(s) associé(s). Qu’on en ait eu un, ou plusieurs, ne change rien à la douleur que l’on ressent lorsqu’elle survient.
Cette impression terrible d’avoir tant donné, tant partagé, et parfois si peu reçu en retour. Cette frustration d’avoir bossé comme un fou pendant des années, alors que celui en qui l’on croyait était moins présent qu’on ne l’espérait. Ce regret de l’avoir toujours défendu auprès de votre épouse, vos proches ou vos parents, alors même que tous avaient vu juste et vous avaient alerté dès le début sur sa personnalité ou sur les risques de votre association. Mais n’aurait-ce pas été admettre votre propre erreur de jugement que de les écouter avant qu’il ne soit trop tard, en faisant l’impasse sur votre fierté ? Ce souci, finalement inutile, de l’avoir systématiquement valorisé auprès de tous vos interlocuteurs. Ces moments qui vous reviennent en mémoire, comme autant d’occasions ratées de mettre les choses à plat et de lui expliquer vos états d’âme le concernant, afin de trouver ensemble une fin honorable à une histoire désormais sans avenir. Ce temps perdu à ne pas avancer comme vous le souhaitez, parce qu’il ne partage pas votre projet. Les efforts qu’il déploie pour prendre le contre-pied de vos décisions et s’imposer auprès de vos collaborateurs, quitte à renier certaines des valeurs sur lesquelles vous aviez construit votre entreprise. Ce manque de courage, surtout, qui vous a fait trop longtemps préférer le statu quo aux décisions humainement douloureuses. Ces désaccords, de plus en plus fréquents. Ces regards qui s’évitent. Cette détestation qui s’installe, jour après jour. Ces journées passées ensemble dans le même bureau sans s’adresser la parole, le mail devenant le seul moyen de communiquer. Ces négociations financières sans fin qui ne mènent nulle part. Ces mesquineries, dont on ne se serait jamais crus capables. Cette ambiance, qui ne cesse de se dégrader et de démotiver vos équipes, au point d’impacter les performances de votre entreprise et d’en voir partir les meilleurs éléments. Et puis, un jour, la violence d’un divorce, voire d’une trahison, qui fait basculer votre vie et celle de vos salariés du jour au lendemain. Ces procédures juridiques qui se poursuivent bien au-delà de son départ… ou du vôtre. Cette dramatique impression de gâchis qui aurait pu être évité. Et surtout ce regret de lui avoir trop longtemps accordé votre confiance, votre loyauté et votre fidélité.
Tout avait pourtant si bien commencé. On allait conquérir le monde ensemble, rien ne pourrait nous arrêter, à deux ou trois, nous serions tellement plus forts ! Eh bien non, pas forcément ! Il n’y a certes aucune fatalité de l’échec en matière d’association capitalistique. Le meilleur est toujours possible, et un duo comme celui formé par Paul Dubrule et Gérard Pélisson pour créer et développer le Groupe Accor en est la plus belle illustration. Mais le fait que ces deux fortes personnalités aient été si souvent citées en exemple, et qu’il soit si difficile de trouver d’autres couples d’entrepreneurs successful ayant duré aussi longtemps qu’eux, est la preuve que le pire existe aussi, comme en atteste le scénario ci-dessus que tant d’entrepreneurs ont vécu à leurs dépens. Souvent interrogés sur le secret de la longévité de leur partenariat, l’un et l’autre répondaient invariablement qu’ils s’étaient fixé dès le départ trois règles intangibles. Règle n° 1 : tout partager à 50/50, les profits comme les pertes, les joies comme les emmerdes. Règle n° 2 : ne jamais afficher publiquement leurs divergences, en interne comme en externe. Règle n° 3 : ne jamais prendre aucune décision qui ne fasse pas l’unanimité entre eux ou qui risque de les diviser d’une quelconque façon.
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